Le pic pétrolier n’aura pas lieu – Antoine Buéno
Publié le 17 juin 2024 à 15:30 – Maj 17 juin 2024 à 20:33
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La thèse du pic pétrolier a été érigée en socle de l’écologisme et des théories de l’effondrement depuis plus de cinquante ans. L’idée est la suivante : nous allons manquer de pétrole et aucune énergie ne pourra jamais le remplacer
Antoine Buéno
Dans un récent article intitulé Fin du pétrole ? Jean-Marc Jancovici à côté de la plaque, l’Opinion révélait que, selon les derniers calculs de l’Agence internationale de l’énergie, loin d’approcher la pénurie d’or noir, le monde s’acheminait vers un excédent de production de pétrole à l’horizon 2030. Or, cela devrait être encore le cas en …2050 !
C’est en effet la conclusion que l’on peut tirer d’une incroyable nouvelle, pourtant passée relativement inaperçue en France : la Russie a découvert sous l’Antarctique un gisement pétrolier évalué à 511 milliards de barils…
Le chiffre peut paraître abstrait. Mettons-le en perspective. Aujourd’hui, le monde consomme 100 millions de barils par jour. Soit 36,5 milliards de barils par an. 511 milliards de barils correspondent ainsi à 14 ans de la consommation actuelle… Auxquelles il faut bien sûr ajouter ce qu’il reste des gisements aujourd’hui exploités. A peu près autant. Nous en avons donc encore au moins pour une trentaine d’années de consommation actuelle.
Les analystes ont commenté la nouvelle sous deux angles. D’un point de vue géopolitique, c’est une très mauvaise nouvelle car ce gisement va être une source de tensions supplémentaire dans un monde qui n’en avait pas besoin. Mauvaise nouvelle écologique aussi. D’abord parce que l’Antarctique est jusqu’ici considéré comme un continent sanctuaire. Mauvaise nouvelle aussi bien sûr pour le climat : un tel gisement pétrolier ne va pas inciter à sortir des énergies fossiles…
La découverte du gisement arctique invalide la première partie de la proposition : non, nous n’allons pas manquer de pétrole. Donc notre monde ne peut pas s’effondrer en raison d’une « panne sèche ». Et tout l’enjeu de la transition énergétique est d’invalider la seconde partie de la proposition : prouver que l’on peut déployer un mix énergétique décarboné capable de remplacer les énergies fossiles
Epuisement. Et pourtant, d’un point de vue prospectif, il faut nuancer. Cette nouvelle a en effet de quoi radicalement changer notre vision de l’avenir. Et pas que pour le pire. Car elle invalide la thèse du « pic pétrolier ». L’expression désigne le moment où l’épuisement de l’or noir conduit sa production à plafonner avant de décroître. Elle trouve ses origines dans les travaux du géologue Marion K. Hubbert qui annonça, en 1956, que le pic de pétrole conventionnel américain interviendrait entre 1965 et 1970. Extraordinaire prescience de Hubbert puisque la production américaine de pétrole conventionnel commença à décliner en 1970.
La thèse du pic pétrolier a été érigée en socle de l’écologisme et des théories de l’effondrement depuis plus de cinquante ans. L’idée est la suivante : nous allons manquer de pétrole et aucune énergie ne pourra jamais le remplacer. La civilisation thermo-industrielle, née de l’exploitation des énergies fossiles, est donc vouée à disparaître avec cette dernière. Dans l’imaginaire populaire, c’est le scénario de Mad Max.
La découverte du gisement arctique invalide la première partie de la proposition : non, nous n’allons pas manquer de pétrole, puisque l’AIE anticipe un plafonnement de la consommation d’or noir avant 2030. Donc notre monde ne pourra pas s’effondrer en raison d’une « panne sèche ». Et tout l’enjeu de la transition énergétique est d’invalider la seconde partie de la proposition : prouver que l’on peut déployer un mix énergétique décarboné capable de remplacer les énergies fossiles.
Ecarter le scénario de la panne sèche est plutôt une bonne nouvelle. D’autant plus que, même dans un monde bas carbone, nous aurons encore longtemps besoin de pétrole pour des usages non substituables. Pour mémoire, même l’aspirine est fabriquée à partir de pétrole… De plus, en thermes quantitatifs, l’explosion des réserves de pétrole exploitable ne change rien à la problématique climatique. Avant elle, nous avions déjà assez d’énergie fossile pour provoquer un réchauffement cataclysmique.
En revanche, cela signifie que la transition énergétique ne nous sera pas imposée par des contraintes géophysiques. Elle ne dépend que de nous. Puisque le pic pétrolier n’aura pas lieu, notre responsabilité est totale.
Et si finalement, le pic pétrolier n’avait pas lieu ?
Par Charles Sannat | 20 Juin 2024 | Energie, Grille article | 39 commentaires
Depuis presque 20 ans, les survivalistes, les collapsologues, les écologistes, les environnementalistes et même bien évidemment les gouvernants pensent que le pic pétrolier sera une catastrophe qu’il nous faut anticiper parce que nos sociétés et nos économies sont totalement dépendantes de l’or noir.
C’est un article passionnant que nous livre l’Opinion (source L’Opinion ici).
« La thèse du pic pétrolier a été érigée en socle de l’écologisme et des théories de l’effondrement depuis plus de cinquante ans. L’idée est la suivante : nous allons manquer de pétrole et aucune énergie ne pourra jamais le remplacer »
« Dans un récent article intitulé Fin du pétrole ? Jean-Marc Jancovici à côté de la plaque, l’Opinion révélait que, selon les derniers calculs de l’Agence internationale de l’énergie, loin d’approcher la pénurie d’or noir, le monde s’acheminait vers un excédent de production de pétrole à l’horizon 2030. Or, cela devrait être encore le cas en …2050 !
C’est en effet la conclusion que l’on peut tirer d’une incroyable nouvelle, pourtant passée relativement inaperçue en France : la Russie a découvert sous l’Antarctique un gisement pétrolier évalué à 511 milliards de barils…
Le chiffre peut paraître abstrait. Mettons-le en perspective. Aujourd’hui, le monde consomme 100 millions de barils par jour. Soit 36,5 milliards de barils par an. 511 milliards de barils correspondent ainsi à 14 ans de la consommation actuelle… Auxquelles il faut bien sûr ajouter ce qu’il reste des gisements aujourd’hui exploités. A peu près autant. Nous en avons donc encore au moins pour une trentaine d’années de consommation actuelle.
Les analystes ont commenté la nouvelle sous deux angles. D’un point de vue géopolitique, c’est une très mauvaise nouvelle car ce gisement va être une source de tensions supplémentaire dans un monde qui n’en avait pas besoin. Mauvaise nouvelle écologique aussi. D’abord parce que l’Antarctique est jusqu’ici considéré comme un continent sanctuaire. Mauvaise nouvelle aussi bien sûr pour le climat : un tel gisement pétrolier ne va pas inciter à sortir des énergies fossiles…
La découverte du gisement arctique invalide la première partie de la proposition : non, nous n’allons pas manquer de pétrole. Donc notre monde ne peut pas s’effondrer en raison d’une « panne sèche ». Et tout l’enjeu de la transition énergétique est d’invalider la seconde partie de la proposition : prouver que l’on peut déployer un mix énergétique décarboné capable de remplacer les énergies fossiles
Epuisement. Et pourtant, d’un point de vue prospectif, il faut nuancer. Cette nouvelle a en effet de quoi radicalement changer notre vision de l’avenir. Et pas que pour le pire. Car elle invalide la thèse du « pic pétrolier ». L’expression désigne le moment où l’épuisement de l’or noir conduit sa production à plafonner avant de décroître. Elle trouve ses origines dans les travaux du géologue Marion K. Hubbert qui annonça, en 1956, que le pic de pétrole conventionnel américain interviendrait entre 1965 et 1970.
Extraordinaire prescience de Hubbert puisque la production américaine de pétrole conventionnel commença à décliner en 1970. »
La thèse du pic pétrolier est devenue centrale dans nos analyses comme dans nos imaginaires.
« La thèse du pic pétrolier a été érigée en socle de l’écologisme et des théories de l’effondrement depuis plus de cinquante ans. L’idée est la suivante : nous allons manquer de pétrole et aucune énergie ne pourra jamais le remplacer. La civilisation thermo-industrielle, née de l’exploitation des énergies fossiles, est donc vouée à disparaître avec cette dernière. Dans l’imaginaire populaire, c’est le scénario de Mad Max. »
Si le monde ne s’effondre pas en raison du manque d’énergie, c’est disons-le une excellente nouvelle parce que la perspective n’était pas franchement réjouissante.
D’ailleurs, le risque est loin d’être totalement passé, mais il a été indéniablement reculé.
Nous avons gagné du temps.
Il s’agit donc désormais de mettre ce temps à profit pour mener à bien une transition qui aura notamment recours au nucléaire.
Nous pouvons déjà tirer une conclusion.
Il ne faut pas sous estimer nos capacités d’innovations et d’adaptation.
C’est la raison pour laquelle tous ceux qui nous prophétisent que notre maison brûle et qu’il y a urgence climatique nous mentent et se mentent.
Il y a des défis indéniables à relever, mais, l’urgence est surtout utilisée pour couper court à toute réflexion, à toute analyse, à toute contradiction et surtout d’éviter le débat nécessaire autour de toutes les alternatives possibles.
Charles SANNAT
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